samedi 25 mai 2013

Au bord du chemin des dames et des poilus par Alain Chiron

 
Un lien "Maryline Martin" vers le site des " Dames du Chemin " est présent sur le site "Je me souviens de ceux de 14" depuis le début 2013.
Le titre est évidemment une allusion au  " Chemin des Dames ", lieu où le grand-oncle de Maryline Martin est décédé le 16 avril 1917, premier jour de l’Offensive Nivelle (voir à ce sujet   http://ceuxde14.wordpress.com/2012/06/12/nivelle-linconnu-du-chemin-des-dames/).
 
Abel François Victorien Marchand était un Normand de l’Orne, il a 21 ans lorsqu’il meurt. Incorporé à Lisieux au 119e RI à Pâques en 1915, il appartient au 28e RI de décembre 1915 à juillet 1916, puis enfin au 156e RI. Le premier texte raconte le parcours de ce natif de Pontchardon (un village de 350 habitants en 1914, situé près d’Argentan) : « Ce 16 avril 1917, nous voici à nouveau dans les entrailles de l‘ enfer. Nous attendons le coup de sifflet pour monter à l’assaut. J’ai conjugué le verbe attendre à tous les temps. J’ai attendu sans angoisse la lettre de mobilisation. J’attendais avec impatience les lettres et les colis, ces traits d’union avec l’arrière.  Aujourd’hui, j’attends la mort, cette faux qui m’a seulement effleuré durant deux ans
 
Le choix des " Dames du Chemin " comme titre c’est aussi, mettre en avant dans ces douze nouvelles des personnalités féminines (mais pas seulement) qui vivent de façon aussi prégnante ce conflit, même si cela prend d’autres aspects que le quotidien des poilus. On voit l’habileté de l’écrivaine à travers en particulier un texte où le même personnage est victime d’un viol par la soldatesque germanique les premiers jours de la guerre et, se trouvant dans un village reconquis lors de la Première bataille de la Marne, part se faire embaucher dans une usine d’armement en région parisienne (où les conditions de travail sont extrêmement dures). Ceci nous vaut une des nouvelles les plus cinglantes. 
 
 Nous invitons d’ailleurs, sans attendre le compte-rendu que nous en ferons un jour, nos lecteurs à lire "Les Gardiennes" d’Ernest Pérochon s’ils veulent prolonger leur connaissance de la dimension féminine du conflit, cette fois exclusivement en milieu rural.
 
À travers la seconde nouvelle, qui conte l’angoisse d’un blessé dans le no man’s land, est approchée l’importance des porte-bonheurs. C’est ici une médaille sainte, dans une autre nouvelle ce seront les poupées de laine Nénette et Rintintin qui tirent leur nom de modèles en celluloïd dessinées par Poulbot dans les années 1910. Ces objets sont envoyés par une enfant à son père, elles sont un des aspects qui nous permettent d’approcher la façon dont des jeunes d’une dizaine d’années perçoivent la guerre et ses conséquences.
 
Un autre texte dépeint la vision que pouvait avoir un tirailleur sénégalais (ayant été scolarisé) de la Grande Guerre. Ceci est l’occasion d’évoquer Blaise Diagne député républicain socialiste de Dakar qui outre d’avoir mené une forte campagne de recrutement en Afrique noire sous le slogan : « En versant le même sang, vous gagnerez les mêmes droits », fit une intervention remarquée sur les conséquences pour les troupes de la Force noire du froid exceptionnel pour la saison en avril 1917 en Picardie. Cette dernière idée n’est pas développée ici, mais le contenu de cette nouvelle et le texte de l’intervention de Blaise Diagne (à lire dans "L’Affaire du chemin des dames" d’Henri Castex) présente bien des similitudes.
 
Jean-Pierre Verney (qui a fait don de sa collection au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux) a préfacé cet ouvrage : « Dès les premières pages, j’ai senti que ce que je découvrais n’était ni banal ni rebattu, et qu’au-delà des personnages embarqués dans le tumulte et les violences de cette Grande, mais épouvantable Guerre, il y avait autre chose».
 
 À travers les quelques pistes que nous avons données du contenu de cet ouvrage, on aura perçu qu’à la force portée par chaque nouvelle tenant de la fulgurance et de l’efficacité,  s’ajoute la dimension du bien dire.
 
 
 
"Les Dames du Chemin" de Maryline Martin ; Éditions Glyphe, 2013. 153 pages. 12 euros

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