samedi 8 juin 2013

Les Dames du Chemin de Maryline Martin, un regard de femme sur la Grande Guerre par Blandine Kennedy

2013. Près d’un siècle s’est écoulé depuis la première guerre mondiale. C’était une gageure que de se lancer en 2013 dans un recueil de nouvelles dont les héros et héroïnes sont ceux qui ont été au cœur de ce conflit. Maryline Martin a voulu ainsi rendre hommage à son grand-oncle, Abel Marchand, Mort pour la France sur le Chemin des Dames à 20 ans. Son histoire, qu’elle nous fait partager, nous rappelle que c’est aussi la nôtre. Un sujet grave mais qui, grâce à la tendresse du regard porté par l’auteur sur les personnages, à la belle écriture et au rythme imprimé aux douze petits récits, trouve ici une légèreté et une poésie inattendues.



 Les Dames du Chemin de Maryline Martin, un regard de femme sur la Grande GuerreMM Les Dames du Chemin de Maryline Martin, un regard de femme sur la Grande GuerreLa meilleure raison, s’il en fallait une, pour lire ces nouvelles dont le thème commun est la Grande Guerre, serait qu’il y est question des hommes qui ont fait cette guerre, mais aussi et surtout des femmes qui les ont accompagnés dans leur périple tumultueux et sanglant.
Maryline Martin s’est attaquée à un monument en publiant ce recueil, et force est de dire qu’elle s’est très bien acquittée de cette tâche énorme en partant de son histoire familiale et d’un jeune homme tombé en 1917, son grand-oncle, pour ramener à la vie et à la lumière des anonymes dont les tranches de vie racontées ici ne peuvent que nous bouleverser.
Nul besoin d’être féru d’histoire ou passionné par les batailles de tranchées pour être touché par ces hommes et ces femmes ; Abel, Abdoulaye, Ferdinand, Noémie, Marguerite, Victorine, dont les destins tragiques sont racontés avec tant de poésie et de bienveillance qu’on les imagine trouver maintenant une sorte de repos.
Marchand1 150x150 Les Dames du Chemin de Maryline Martin, un regard de femme sur la Grande Guerre

Du simple soldat au tirailleur sénégalais, de la petite fille dont le père est au front et à la jeune femme qui attend son époux, de celle qui fait l’amour avec l’ennemi, à celui qui préfère jeter l’éponge plutôt que de continuer à participer à ce carnage.
Cent ans presque, mais leur mémoire est toujours là. Les illustrations qui introduisent chaque nouvelle sont d’une autre époque. Elles compensent par leur douceur l’horreur des récits.
Aujourd’hui, tout ceci peut nous sembler bien lointain, d’un temps révolu, mais les sentiments qui animent tous ces personnages ne le sont pas ; le courage, la peur, la fraternité, l’instinct de survie, l’amour, l’amitié.
Maryline Martin a non seulement honoré son grand-oncle en écrivant ce livre mais elle a également offert aux lecteurs la possibilité de revivre avec beaucoup de poésie et de joliesse ce qui a été une période noire et ensanglantée, sans jamais être ni trop triste, ni trop insouciante.
Aux hommes tombés au champ d’honneur, elle associe les femmes qui les ont aimés, soutenus, toutes ces femmes qui ont subi à travers un fils ou un époux la même guerre, différemment mais avec leur cœur, leur âme forte et leur courage.
Il est donc bien possible en 2013, de parler de la Grande Guerre, pourvu qu’on le fasse avec sensibilité et respect.
A noter, la préface de Jean-Pierre Verney, élogieuse et superbement écrite.
 
 
L'original de ce billet est à lire ICI

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