Cher Jean-Pierre,
Je viens d'apprendre votre disparition avec une grande tristesse. Merci d'avoir été présent sur mon chemin d'écriture. Votre soutien lors de la publication de mon recueil de nouvelles sur la Grande Guerre a contribué largement à son succès. Je garde en mémoire, notre première rencontre dans votre musée à Meaux, votre enthousiasme sur mon manuscrit et quelques jours plus tard, je recevais cette préface magnifique : "Lorsque j’ai reçu le manuscrit des Dames du chemin, je l’ai posé sur mon bureau puis attendu quelques soirées avant de prendre le temps de l’ouvrir.
Et ce soir-là, brutalement, sans y être préparé, j’ai commencé un long et utile voyage qui a duré jusqu’au bout de la nuit.
Et pourtant, depuis cinquante ans, j’en ai dévoré des romans, parcouru des témoignages, feuilleté des nouvelles, épluché des correspondances. Mais dès les premières pages, j’ai senti ce que je découvrais n’était ni banal, ni rebattu et qu’au-delà des personnages embarqués dans le tumulte et les violences de cette Grande, mais épouvantable Guerre, il y avait autre chose. J’étais captif, mais je ne savais pas encore de quoi. Puis lentement, ligne après ligne, feuillet après feuillet, le style s’est imposé, mais surtout une sorte de poésie de l’horreur m’a intimidé. Étais-je, moi, capable d’écrire cela :
« Les coups de canon ont crevé les nuages et ont tué les anges. Dieu, le rouge au front, s’est enfui. Non pas qu’il soit lâche. Il a décidé de ne pas se mêler de la folie des hommes. » (...)
Et ce lucide, poignant, et incisif regard porté sur les terres dévastées, les corps meurtris, les âmes violées, les innocents fusillés, enfin tout ce qui a nourri cette Grande Guerre, est d’autant bouleversant : car c’est celui d’une femme d’aujourd’hui, une jeune femme même."
Ce livre, Cher Jean-Pierre, je vous l'ai écrit, n'a pas encore fini de faire parler de lui. L'an prochain, je sais que vous ne serez pas loin pour m'accompagner une fois encore sur le chemin....
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