mardi 5 mai 2020

#J55

La lecture est, comme vous l’avez lu dans mes précédents billets, un véritable plaisir qui m’emmène hors les murs.
Ces dernières années, j’ai couru les bibliothèques, les archives nationales, départementales à la recherche de documents venant compléter mon recueil de nouvelles sur la Grande Guerre (Les Dames du Chemin #editionsglyphe), et mes biographies (La Goulue. Reine du Moulin Rouge #editonsdurocher) et une à paraître...

Depuis le confinement, j’ai laissé de côté mon travail en cours et j’ai repris le chemin de la lecture "gourmande".

Avec une de mes Amies, nous avons établi chacune une liste de nos coups de cœur réciproques et nous avons passé commandes auprès de nos libraires. La littérature fait partie de mes nourritures terrestres au même titre que le théâtre, le cinéma, les musées…

Aujourd’hui, l’antenne de France Inter est ouverte aux différents acteurs de cette culture qui nous fait vibrer, rêver. Ce monde parallèle dont nous avons gravement besoin. J’écoute les différents intervenants tantôt optimistes tantôt désarmés. Je pense à mes amis écrivains, comédiens dont le travail a été mis en mode pause pour cause de confinement. Je suppose qu’il serait nécessaire de repenser la chaine de la création, de la surproduction de ces rentrées littéraires.

Comment "contourner" ces nouvelles formes de l’empêchement pour renouer avec le monde du vivant ?

Silence assourdissant du ministre de la culture. Pour ma part, le livre est mon opium, ma came, mon éther. C’est une drogue douce ou dure dont je ne peux me passer. Elle fait partie de ces camisoles licites… Les mots me font chaud au cœur et au corps. Alors, bookaddict , lectipote, lecturamant. On leur fait dire ce que l'on veut aux mots...enfin presque, ils mentent également par omission. On arrange la vérité, on transcende ses peurs, on joue avec l’imaginaire.
Les mots ne sont pas posés pour faire "du joli". Ils ont un sens, une musique, une couleur. L’auteur les a choisis, pesés, soupesés. J’ai le sens du mot juste et comme en musique il y a des respirations nécessaires dans un texte. Je twiste les consonnes et les voyelles. Je surfe sur les pleins et les déliés. Je funambule sur des lignes imaginaires. 😊Et joie ! À une semaine du déconfinement, un deuxième projet d’écriture s’ajoute à celui en cours. Un verrou vient de sauter de cette « prison » qui n’était pas propice à la création. Mon esprit s’est libéré et donne libre cours à l'écriture, cette rédaction naturelle que je croyais enfouie, enfuie…🤸‍♀️

Une amie m’écrit « Je vois que tu vas bien, que le confinement t'inspire de bien belles phrases, une belle résilience. » Il est vrai que vos retours sur mes billets d’humeur m’ont régénérée, l’impression de ne pas être seule à partager des coups de mou, des doutes, des colères, des interrogations face aux injonctions ...
 Ensuite, je pense que cette parenthèse n'a fait qu'appuyer mon regard sur ce que je pensais essentiel pour moi...mais j’ai surtout pris le temps de le verbaliser…

 Ce début d’ « année de M* 2020 » comme le martèle Antoine de Caunes dans son émission Popopop m’aura permis d’appuyer ce qui est vraiment nécessaire pour moi, et vouloir, pouvoir avancer à mon rythme…


Je n’ai pas encore été acheter les masques vendus en hypermarchés. J'ai passé commande de masques tissus norme Afnor après d'une couturière qui fait du chouette boulot...Je ne me sens pas prête à reprendre les transports en commun. Je vais devoir attendre pour aller dans les bibliothèques dont l’ouverture est encore à déterminer. Rien ne sert de courir …il faut partir à point.


 Permettez-moi de conclure ce (long) billet d’humeur avec ces quelques phrases tirées du roman de Francois Roux : Le Bonheur National Brut dont je vous conseille la lecture, véritable peinture sociétale : « Nous sommes bien sûr les fossoyeurs des Trente Glorieuses, les enfants de la crise, du chômage, de la surconsommation, de la mondialisation, de la croissance molle, de l’argent roi soudain devenu argent fou, mais nous sommes avant tout, les enfants du doute et de l’incertitude. Depuis trente ans, nous naviguons à vue, perplexes, indécis, vers un but que ce monde, lui-même déboussolé, nous a clairement désigné en le survendant : être heureux malgré tout et –son corrolaire-réussir sa vie. (…) N’avons-nous pas tous pensé que nous serions heureux le jour où nos rêves d’enfant seraient enfin accomplis ? Et si tout cela était complètement faux ? Et si le bonheur était la plus grosse arnaque du siècle et de tous ceux qui l’ont précédé ? Et si le souci d’atteindre le bonheur était précisément la chose qui nous faisait le plus souffrir ? (…) Nous devrions être des promeneurs de nos vies au lieu de marcheurs entêtés. D’ailleurs par son étymologie, le mot bonheur ne se rapproche-t-il pas d’ « augure » lui-même assez voisin du mot « chance » ? C’est certain, le bonheur n’est pas du tout une affaire sérieuse. C’est même j’en suis convaincu, la seule chose au monde que l’on devrait prendre à la légère… »

 #J55 #lavieetriendautre #restezchezvous #lebonheurnationabrut #toutcedontonrevait #francoisroux

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